Monday 22 August 2011

Jour W

 28 juillet 2011

C’est l’histoire d’un gars, d’un gars comme moi, parce que justement on va parler de moi. C’est une histoire d’amour qui finit peut-être qui sait, on le sait pas encore. Ça ne dépend pas de moi. Enfin, je crois. Peut-on contrôler l’amour? Je dis que non. Peut-on l’influencer? Je pense que oui.
                
            Tout a commencé voilà maintenant deux ans. Une fille nommée Mathilde et moi avions décidé de former un couple. D’être ensemble et de s’aimer. De s’attacher mutuellement et de laisser notre amour un à l’autre. Je suis un homme émotif qui est capable de donner beaucoup d’amour mais qui doit aussi en recevoir beaucoup. Ça tombait bien. Mathilde avait un peu cette manie d’être trop amoureuse. Ça me plaisait, je me sentais aimé et supporté. Je l’aimais aussi. Je ne souhaite pas prendre des sentences au passé, parce que je vous dis, les choses ne sont pas officiellement terminées, mais quand même, ça exprime mieux l’image.

                Au moment même où j’écrivais ces deux paragraphes, j’ai reçu trois textos de Mathilde. « Ok… jpense qui faut que tu te reposes », « jvais tlaisser tranquille un couple de jours ok? », « sache que jvoulais pas tfaire mal.. ». Le petit bruit de mon cellulaire, je veux tellement l’entendre que je me l’imagine sonner. Pis encore, même si je traîne mon cellulaire constamment sur moi à l’attente d’un message ou d’un appel annonciateur, parfois je l’oublie et par stress ou par une autre émotion quelconque, je l’imagine vibrer. Sensation bizarre.

                Je me sens faible, mais pas seul. Je n’ai pas vraiment mangé depuis.  Je me sens totalement non-productif, mais je conçois m’en sortir. Je, si ça se termine, vais regretter cette Mathilde. Vous saviez que nous étions prêts à avoir des enfants? Je voulais devenir papa. C’est drôle d’y penser, particulièrement maintenant.

                Je me sens triste, de voir le nom de Mathilde dans mon texte, de visualiser la fin, de comprendre que terminer notre relation me sera non seulement atroce psychologiquement mais aussi difficile côté logistique. Comprenez-moi, je ne souhaite pas que ça finisse mais j’essaie de me faire à l’idée. Ça fera moins mal j’imagine. J’essaie de me préparer mentalement à devoir vivre seul. Je vivais depuis maintenant 1 an avec Mathilde. C’est dur de planifier la séparation des meubles, le bris du bail, la recherche d’un nouvel endroit où vivre. Je pars en colocation ou seul? Où? Et le prix? Le prix, je vais devoir m’acheter un lit. N’importe quoi.

                Mon cercle social est durement accessible du à mon mode de vie. Étant donné que je travaille beaucoup la fin de semaine et qu’eux le font la semaine. Étant donné que je possède une compagnie sur laquelle je travaille la semaine qui nécessite de mon temps et que mon énergie tente d’y être consacrée, je n’ai pas parlé beaucoup de mon ressentiment. En fait, j’ai commencé à m’ouvrir à mon entourage à mi-chemin dans mon ruminement. J’ai pu voir que ça l’aidait.

               Mathilde, elle, avait compris, elle avait compris qu’elle devait se changer les idées. Elle a continué de travailler et a fait des activités avec des amis tous les jours depuis le jour W. W pour « What the Fuck! Je ne comprends pas comment on en est arrivé là». Évidemment qui dit faire des activités avec ses amies dit solitude pour moi. Je l’attendais, je voulais être disponible pour elle, être présent au cas où elle aurait besoin de moi ou déciderait de venir me retrouver. J’essayais de quitter mon cocon de tristesse, mais j’endurais, il fallait que j’endure, mon couple était en jeu.

                Les jours ont passé, en fait, le tout a commencé voilà maintenant une semaine et demi. Alors onze jours ont passé pour être précis. Je suis quelqu’un d’impulsif qui veut tout, tout de suite et c’est sans doute pour cette raison que notre couple, s’il en est encore un, est présentement dans cette phase. Sans rentrer dans les détails, nous avons eu une dispute à propos d’un projet qui me tenait beaucoup à cœur. Mathilde décida en fait de l’abandonner pour une période de temps indéterminée et cette nouvelle me jeta dans le noir. Je lui ai demandé de me rassurer, quelque chose, rien n’y faisait, rien ne fonctionnait. Frustré, j’ai été méchant, verbalement, et plus je paniquais, plus elle se distançait, plus j’avais peur de la perdre, plus je devenais méchant, plus elle s’éloignait et plus j’étais seul et boule qui roule n’amasse pas mousse.  

                J’ai toujours été comme ça, ça ne justifie rien, mais c’est un défaut que j’ai. Panique, panique, veut tout régler tout suite pour ne plus avoir mal. La dure attente que j’ai dû subir lorsque Mathilde m’annonça qu’elle quittait coucher pour quelques jours chez des amis, quel mal. Je dis bien quelques jours parce que rien n’était clair. C’était, vous l’aurez deviné, une autre incertitude qui s’additionnait à me ronger.

                J’ai quoi? Perdu huit livres en peu de temps, certains en rêverait, pas moi. Je ne suis pas très gros en partant alors là, c’est pas joli. Chaque heure qui passait sans Mathilde dans l’inquiétude me paraissait comme une éternité. Je l’aime c’est vrai, mais ça vaut vraiment la peine de souffrir autant?

                Je ne vous ai pas dit, je suis retourné chez mes parents, question de me ressourcer. Ma mère vient de servir une soupe maison qu’elle vient tout juste de préparer. Je vais aller manger un peu. Quand je parle avec elle, j’ai les larmes aux yeux. Ça remonte constamment. 

                À certains moments, j’imagine Mathilde faire du sexe avec d’autres hommes. Ça me fend en mille morceaux. Ça passe, les personnes célibataires font bien ce qu’elles veulent, mais dans ma tête, c’est moi qui était avec Mathilde, pas les autres hommes. Sachez au moins, qu’elle ne m’a pas trompé, j’en suis bien heureux, je, si ça se termine, me rappellerai d’elle comme une personne fiable et de confiance.

                Alors pourquoi ça se termine? Ou plutôt pourquoi notre relation est sur la verge de se terminer? Je n’en ai aucune idée. Certes, j’ai été méchant, mais vraiment? Elle se dit ne plus être bien lorsqu’elle vient à notre appartement. Je la comprends, je déteste notre appartement, une vraie prison. N’aurions-nous pas pu seulement, je ne sais pas, déménager ou redécorer? Elle me dit qu’elle m’aime. Je pense quoi de ça? Elle semble mêlée. Un mélange de problèmes personnels et de problèmes de couple à mon avis. D’ailleurs, j’ai arrêté d’essayer de comprendre, j’ai bien vu que je n’y arrivais pas.

                Alors voilà, je suis de retour chez mes parents, ma copine, Mathilde a quant à elle quitté chez une amie. Je me demande si je vais travailler en fin de semaine. Ça pourrait me changer les idées, en effet, mais je n’ai pas la force d’adopter une attitude de travail. Je vais me coucher. Il est midi et je suis épuisé.

Désintoxication

 22 août 2011

Tout le monde passe par là. Des fois ça dure trois ans, parfois deux mois. Ça varie en fonction de tellement de facteurs que je ne peux pas tous les prendre en compte. Cela fait maintenant trois semaines ou peut-être un mois que Mathilde et moi c’est terminé. Je n’ai pas envie de compter les jours mais c’est seulement ça. J’en suis surpris. Ça m’a paru comme le double du temps.

Je souhaite en ce moment me débarrasser de ce mélange de manque d’amour, de manque d’affection, de manque d’utilité, de manque d’approbation, de manque de sexe et de manque de soutien tant offert que reçu. Sauf que rien ne peut y faire. Je peux seulement me concentrer sur moi-même et sur mes projets personnels. Le reste, la partie que j’ai perdue à notre séparation, devra trouver son chemin avec le temps.

Je déménage tranquillement pas vite, je suis maintenant dans un nouvel appartement avec une nouvelle fille, qui, elle, a encore un amoureux. Encore, en comparatif à moi qui est seul maintenant *Snif*. Ils sont beaux ensemble. Tout ça, ça va me faire du bien, question de relativiser et de voir une fille avec des yeux plus objectifs. Elle est gentille et je l’apprécie. Je souhaite que ça reste ainsi.

Ceci étant dit, la phase dans laquelle je suis présentement, je l’ai déjà vécu. Je connais mes cycles. Cette phase est comparable à une cure de désintoxication. Après la confirmation officielle de ma séparation avec Mathilde, j’étais sur un petit nuage de célibataire, quelque chose qui m’amenait à croire que dans le fond, la fin de notre deux ans de couple était une bonne chose. Ce sentiment est traître et c’est la raison pour laquelle le mot éphémère a été inventé. À ce jour, je crois encore que c’est une bonne chose, notre fin, mais avec beaucoup d’incertitude et de remises en question. Pourquoi nous nous sommes laissés déjà? Je n’en ai pas la moindre idée. C’est dur de ne pas cerner le problème, de vivre avec une décision qui a été prise sur des émotions et des faits sommes toutes très flous. 

Ce matin donc, manque de sommeil, travail à faire et obligation de continuer. J’ai réécris à Mathilde, pour lui dire que je l’aimais encore. Wrong! Wrong? Peut-être. Vous voyez, je me raccroche à ce que j’avais dans le passé, aveuglé par mon manque de jugement de la situation. C’est normal, je sais, mais c’est chiant. Je me sens tellement seul. Ou plutôt, je me sens tellement célibataire. Je suis encore rempli d’amour, mais d’amour impersonnel. Ce n’est pas particulièrement Mathilde que je veux aimer, je veux juste aimer. Le problème avec ce besoin d’amour, c’est de reconnaître que ce serait plus simple de retourner avec Mathilde. Du coup, ça m’amène à garder espoir de recoller les morceaux avec elle. Ça c’est wrong. Mais je ne me lance pas là-dedans, je ne suis pas aussi con. Enfin, j’ai de la misère à décrocher, j’en suis conscient et c’est normal.

Fait cocasse. Hier, elle m’a écrit un message de type sexto, par erreur, qui disait et je cite : « C’est ça change de sujet quand on parle de ton pénis lol ». Explosion, manque de salive, vertige sans hauteur. « C’est l’autocorrecteur dsl lol ». Vraiment? L’idée a fait son chemin. À qui elle parlait? La cochonne. Elle m’a blessé et j’en suis encore très fâché ce matin. En fait, c’est un peu comme si elle avait essayé de m’arracher le cœur. Ha ha hééé, heureusement, j’ai réussi à le garder!

J’ai hâte de déménager. Hier, je commençais les travaux de peinture à mon nouvel appartement. Nostalgie de l’ancien. Terrible. J’entrevoyais les discussions de projets d’avenir que j’avais avec Mathilde. Nos moments où l’on se visualisait, vieux et amoureux. J’ai envie de vomir toute la tristesse de ma tête. De la pleurer, mais je ne suis pas capable. Je ne suis pas assez triste ou simplement bloqué. Qui sait. En plus, pour couronner le tout, la chanson de Vincent Vallières passe son temps à rejoindre mes oreilles. « On va s’aimer encore ». Fuck you Vince. Fuck you.

Somme toutes, je vois bien les avantages de notre rupture. Objectivement, j’aurais plus de temps pour ma compagnie, j’ai un meilleur appartement et je pourrais prendre davantage de temps pour m’améliorer sur d’autres plans personnels, tel intellectuel et sportif. Subjectivement, je sais que je vais trouver mieux que Mathilde. Je l’ai beaucoup aimé, j’aurais voulu faire ma vie avec elle et je voulais des enfants en la faisant, par contre, je peux voir à travers tout ce chambardement qu’elle n’était  pas ce qui avait de mieux pour moi. Il est encore trop tôt pour regarder la situation de l’extérieur, je sais. Mais mon amour et mon attirance pour elle se sont éteints. 

Ding dong. Elle vient de m’écrire, elle veut qu’on se rencontre aujourd’hui. Ça sent le piège à douleur et je vais évidemment me tirer dedans à pieds joints. Je me rappelle, elle m’a foutu dans une douleur plutôt atroce au jour W. Présentement, elle est perdue, seule et semble réaliser l’ampleur de la situation. Je dois faire attention. L’espoir de recoller les morceaux cogne à ma porte pour me redonner de la drogue.